Dans l'article précédent, je vous expliquais que la rentrée
scolaire de cette année m’effrayait car les circonstances semblaient toutes
vouloir se liguer contre moi.
Et puis, à
quelques jours de la rentrée, je reçois un coup de téléphone. A l’autre bout du
fil – même s’il n’y a plus de fils depuis longtemps dans nos modes de communications
modernes ^^ - on se présente. C’est une femme ; elle se nomme B. ; c’est
elle qui sera l’assistante remplaçante de mon fils durant les trois premières
semaines précédent octobre. On n’a pas le temps d’organiser une rencontre, mais
elle s’efforcera d’être présente assez tôt le jour de la rentrée pour avoir l’occasion
de rencontrer Zhom et de discuter un peu avec lui. Bref, les choses s’arrangent.
Je respire un peu mieux.
Deux jours
plus tard, je reçois un nouveau coup de téléphone. Au sein du service
administratif dédié au handicap, on s’inquiète : les dossiers ne sont pas
complets, il faut vite y remédier ! Je me rends, un peu en catastrophe
auprès de la personne qui m’a contacté. On me donne des détails, on me pose des
questions, on me fait remplir un formulaire concernant Elizabeth et surtout,
surtout, on me rassure. On me dit que ce sont des choses qui arrivent. Que
lorsque, dans une famille, il y a plusieurs dossiers à gérer, il est facile de
confondre et d’oublier de remplir un formulaire ou d’oublier de fournir un ou
deux documents. On me sourit, on m’offre de la compassion et des conseils. Lorsque
je quitte le bureau, tout est en ordre, ou presque – il me reste juste à faire
compléter et signer un document par l’équipe pédagogique de Salimar et à m’assurer
que le document en question revienne dans les bureaux dans les plus brefs
délais.
Je n’ai toujours
pas de nouvelles au sujet de l’assistant(e) de Leia, mais je me dis que, compte
tenu de la façon dont ils se démènent manifestement pour faire avancer les
choses, ça finira bien par s’arranger aussi de ce côté-là. Mon inquiétude
reste, mais elle est moins pesante.
Le jour de la
rentrée, tout ne s’est pas passé comme prévu pour B. et Zhom. Parce que le bus
de B. avait du retard et parce qu’ils n’ont pas réussi immédiatement à se
trouver comme prévu devant le collège, l’entrevue a finalement été bien plus
courte que prévue. Mais B. c’est très vite avérée être une personne dévouée et
très gentille. Salimar, toutefois, a eu du mal à s’habituer à sa présence et
lorsque nous avons découvert que des sorties scolaires étaient prévues, nous
avons jugé préférable que je sois présente. C’est ainsi que je me suis très
brièvement initié au « stand-up paddle » (planche à rame) lors de la
première sortie et que j’ai découvert que l’entreprise de gestion de l’énergie
locale essayait de générer des vocations – « vous savez, chers jeunes
collégiens, que les centrale hydroélectriques génèrent beaucoup d’emplois dans
des domaines très variés, pendant et après leur construction ! Des métiers
qui sont autant pour les femmes que pour les hommes ! Que diriez-vous, par
exemple, de devenir mécatronicien.ne ?? »
Ma présence,
lors de ces deux matinées, n’a pas été totalement superflue. Salimar a
effectivement eu besoin de mon aide. Il a adoré la planche à rame, mais lorsqu’il
a voulu essayer de récupérer la grande planche (celle qui nécessite une équipe
de quelques rameurs et que les filles squattaient depuis le début de la
matinée), les choses ne se sont pas très bien passées. J’ai bien tenté d’avertir
la prof d’anglais – qui servait d’accompagnatrice – que quelque chose clochait
et qu’il fallait encourager Salimar à venir faire et pause et discuter de la
situation, on ne m’a pas cru. On m’a dit « c’est rien, vous êtes sa mère,
vous vous inquiétez trop ». Pourtant, cinq minutes plus tard, Salimar se
mettait à s’énerver et à pleurer de frustration. Je n’ai pas osé dire « vous
voyez, je vous avais bien dit que quelque chose clochait »… ou plutôt,
non, je ne l’ai pas dit parce que d’une part il était plus urgent de m’occuper
de mon fils et d’autre part parce que je ne savais pas comment dire une telle
chose en allemand… Enfin bref, j’ai aidé
mon fils à se calmer et à énoncer son problème. Lorsque la pause, finalement imposée
à toute la classe, a pris fin, Salimar et quelques-uns de ses camarades ont
récupéré la grande planche et la matinée s’est terminée dans la joie et la
bonne humeur. La fatigue aussi, beaucoup de fatigue. Ce qui a sans doute
contribuée à ce que la journée suivante – dédié à la visite d’une centrale
hydro-électrique – se déroule dans un sentiment d’ennui et de désintérêt
presque total pour Salimar. Le point positif de cette sortie, toutefois, c’est
d’avoir pu déterminer que ce n’est pas dans l’énergie électrique que Salimar
fera carrière. Non, devenir mécatronicien, ça ne le tente pas ! ;)
Du côté de
Leia, j’ai eu la surprise, au matin de sa deuxième journée, de rencontrer un
homme qui s’est présenté tout d’abord à la maitresse, puis à moi, en tant qu’assistant
pour Leia. Le seul souci c’est que, pour le moment, il n’est disponible qu’une
heure par jour, lors de la première heure de cours, ce qui n’est évidemment,
pas suffisant. Par ailleurs, il a lui-même expliqué, au bout d’une semaine de
présence, que sa personnalité de prof de philo ne s’accordait que peu à la
personnalité très artistique de ma fillette. La question, au moment où j’écris
ces lignes n’est pas encore résolue. Mais n’ayant pas encore reçu le document
administratif officiel qui confirme le temps de présence de l’AVS attribué à ma
fille, je suppose que quelqu’un, quelque part, cherche encore une solution plus
viable et efficace. Je vais attendre encore un peu.
Voilà, les
choses ne se passent pas si mal que ça, finalement. Salimar va toujours au
collège un peu à reculons mais, une fois sur place, il fait beaucoup d’efforts
pour écouter ses cours et se montrer bon élève. Sa prof principale m’a fait
savoir qu’elle était fière de lui et qu’elle trouvait qu’il avait fait une
bonne rentrée compte tenu de ses difficultés et de sa personnalité. Leia, quant
à elle, a la chance d’avoir une maitresse qu’elle aime beaucoup. Elle la
connaissait déjà d’ailleurs, puisque l’an dernier, sa maitresse avait fait un
stage dans sa classe. Le fait qu’elle ait intégré une classe avec un statut
particulier aide également beaucoup. Sa classe à effectif réduit – ils sont une
quinzaine à peine – est en effet constituée d’enfants en situation de
redoublement – comme elle – et d’enfants qui nécessitent qu’on leur accorde
plus de temps et d’attention que la moyenne. En plus, même pour cette petite
classe, la maitresse est accompagnée d’une assistante. Pour le moment, pour
Leia, les choses se passent donc relativement bien.
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