2 mois et 2
jours soit 9 semaines ou encore 64 jours.
Au début, ça parait suffisant,
presque trop long.
Et puis, on passe la première semaine à préparer les
valises. On essaie de penser à toutes, à évaluer toutes les possibilités, on
espère ne rien oublier. Ensuite, on roule… beaucoup. La première étape ne dure
qu’une journée – à peine en réalité, puisque je n’aurais passé avec S. que quelques
heures. A peine le temps de me rendre compte que cette femme que j’ai rencontrée
grâce à son blog et dont je suis la vie, de loin en loin, grâce aux réseaux
sociaux, est une véritable amie et qu’elle va me manquer.
Et puis, on roule à
nouveau. On arrive fatigués, stressés. On va passer, chez les parents de Zhom,
une longue semaine. Une semaine difficile en vérité, car malgré les
explications, mes beaux-parents resteront coincés dans cette phase si difficile
à franchir qu’est l’acceptation. Car de fait, savoir que quelqu’un est
différent, ce n’est pas la même chose que d’accepter cette différence, d’accepter
les contraintes et les limites qu’elle impose.
Ils ont fait
des efforts. Ils m’ont écouté, longuement. Ils ont posé des questions. Ils ont
essayé de s’adapter. Mais une semaine, ce n’est pas suffisant, pour passer
totalement le cap. Le plus dur, pour mon beau-père, ça a été de comprendre que les
jeux vidéo et les vidéos accessibles sur internet étaient pour notre fils son
centre d’intérêt spécifique et, surtout, sa manière de gérer son stress, son
trop plein d’émotion, son exutoire. Or, entre les changements induits par notre
voyage, la fatigue liée à la route et ses efforts pour être le plus présent
possible, du stress et de la fatigue nerveuse, il en avait à évacuer, notre
fiston !
Je l’ai vu faire des efforts, de lui-même, pour jouer avec ses
cousines, sans écrans. Je l’ai vu poser sa tablette pour jouer à la belote avec
ses grands-parents. Je l’ai vu accepter une partie de UNO. Oui, il a fait des
efforts. Mais son grand-père, lui, n’a pas vu tout ça. Et, sans comprendre à
quel point s’était chez moi un point sensible, il m’a dit que « tout de
même, ça vire à la dépendance ». J’ai répondu, un peu vivement et
sèchement, que c’était justement là une de mes luttes quotidienne à la maison :
accepter le centre d’intérêt spécifique de mon fils, tout en trouvant le juste
équilibre et veiller à ce que ça ne tombe pas dans l’excès. Mais voilà, comme j’ai
répondu sur un ton agacé, j’ai eu droit au refrain du « ah ! mais t’énerve
pas pas ! j’ai dit ça comme ça, moi ! Ne te montre pas susceptible ».
Fin de la discussion. J’ai fermé ma gueule, j’ai ravalé mes larmes. J’ai pris
un bon gros mouchoir et je l’ai mis sur mon besoin de m’épancher, de faire
comprendre à quel point les choses sont parfois difficiles pour moi. J’ai passé
les jours suivants à marcher sur des œufs, à essayer d’aider mon fils à gérer
la désapprobation pesante de son grand-père.
La dernière journée, passée
presque entièrement chez la sœur de Zhom a été vécue comme une sorte de
bénédiction. Je n’ai pas eu de longues explications à fournir, je n’ai pas eu
le sentiment de devoir m’excuser. La sœur de Zhom et son époux ont simplement
accueilli mes enfants tels qu’ils étaient, sans forcément tout comprendre, mais
en essayant de s’adapter du mieux possible. Et ce fut une journée merveilleuse
au cours de laquelle nos enfants ont joué avec leurs cousines tandis que nous
discutions paisiblement. Une journée trop courte.
Finalement,
il a fallu passer à l’étape suivante.
Nous avons donc pris la direction de la
Bourgogne. Encore une longue journée de route.
Chez mes parents, nous avons eu
droit à un accueil différent. L’avantage, c’est que ma frangine travaille dans
le milieu hospitalier, en pédo-psy. Les enfants différents, elle connait. Du
coup, elle avait coaché mes parents. Elle ne savait pas encore comment mes
enfants vivaient leur autisme. Mais elle savait qu’il faudrait leur laisser de
la marge, la liberté de prendre leurs distances si nécessaire. Ce qui fait que
mes parents ont mieux accepté le fait que Salimar ait souvent besoin de passer
du temps sur sa tablette. Ensemble, nous avons fait quelques sorties. La première
tentative a été, d’ailleurs un échec. Les réservations pour visiter la
biscuiterie locale ayant été mal effectuée, il a fallu réviser nos plans. Nous
avons finalement été jusqu’à Dijon pour faire quelques achats. Notre passage au
célèbre fabriquant de burgers nous a prouvé qu’il n’y a pas de consensus
international. Trouver de quoi contenter nos loustics dans le menu n’a pas été
facile. Le reste de la journée non plus. Nous avons fait ce que nous
souhaitions, mais nous avons, en réalité, passé notre journée à gérer le stress
des uns et des autres.
La sortie à
Guedelon a été, heureusement plus satisfaisante. D’autant que le plaisir de la
visite a été pleinement partagé par tous lorsque Salimar a choisi de jouer les
photographes. C’était intéressant, mais fatigant et stressant. Intéresser des enfants à des choses qui n'entrent pas dans leurs centre d'intérêts spécifiques n'est pas chose aisé.
Heureusement, la
journée suivante a été calme. Nous avons passé du temps dans l’arrière-cour de
la toute nouvelle maison de ma petite sœur. Un ancien corps de ferme attenant à
une grange et que ma petite sœur et son mari souhaitent rénover de fond en
comble. Leur projet est grandiose, j’ai hâte de voir le résultat final.
La dernière
journée que nous avons passée chez mes parents a été consacrée à un repas en famille.
20 personnes au total ont été réunies sur la petite terrasse de mes parents. C’était
un peu trop pour Salimar qui a mis deux heures avant de trouver le courage de
venir se joindre à nous. Même ma Leia a ressenti le besoin de s’isoler pour
dessiner dans le calme.
Le décès du
grand-père paternel de Zhom ne nous a pas vraiment pris par surprise. Son état
de santé s’était tellement dégradé ces deux dernières années que c’était un évènement
attendu. La tristesse n’en a pas été moins grande pour Zhom. Le seul réconfort
a été de constater qu’il était possible de nous rendre aux obsèques. Les quatre
derniers jours de nos vacances se sont donc déroulé ainsi : trajet retour
vers le sud-ouest ; une journée consacrée à l’enterrement – auquel les
enfants n’ont pas assisté – et à un rassemblement finalement très bruyants des
proches du défunt ; puis deux jours entiers à rouler pour rentrer chez
nous.
Je crois,
pour être honnête, que je ne me suis jamais sentie aussi fatiguée après un
retour de vacances. Au moment, où j’écris ces lignes, il nous reste 2 semaines
avant la reprise de l’école. Et même si la fatigue du notre périple en France commence
à se résorber ; même si j’ai été heureuse de passer du temps en famille et
de voir mes enfants s’amuser avec leurs cousines (y a un cousin dans le lot,
mais force est de constater que cette génération-là compte une grande majorité
de filles) ; même si ça m’a fait un bien fou de parler avec ma petite sœur
à cœur ouvert, je garde le sentiment que ces vacances auront été bien trop
courtes. Déjà, il faut penser et anticiper la rentrée. Je redoute cette
nouvelle année scolaire. Je redoute cette rentrée que je pressens difficile et
ce d’autant plus qu’un changement nous attend : Salimar va devoir changer
d’assistante de vie scolaire et, cerise sur le gâteau, elle ne sera pas
disponible avant le 1er octobre, ce qui fait qu’il va devoir
effectuer sa rentrée… tout seul. Les trois premières semaines, les pires,
celles au cours desquelles le planning reste à faire où chaque jour, ou
presque, sera différent. J’ai peur. J’avais tellement espéré une rentrée
différente. J’avais tellement espéré qu’il commence son année scolaire
sereinement. Et ma Leia qui va faire son entrée scolaire dans une nouvelle
classe, avec une nouvelle maitresse… et qui est censé avoir une assistante,
elle aussi… une assistante dont je n’ai, pour l’instant, aucune nouvelle… ^^
Deux semaines. Il me reste 2 petites semaines.. et puis quoi ?
Je me dis que, peut-être, ça se passera bien. Mieux que je ne le crois.
Et je me dis aussi, que ça va forcément générer du stress. Et que donc, forcément, ça va être difficile. Pour eux. Pour moi. Pour nous tous.
Et les prochaines vacances ne seront pas avant Noel. ça va être long, je le sens.
Je me dis que, peut-être, ça se passera bien. Mieux que je ne le crois.
Et je me dis aussi, que ça va forcément générer du stress. Et que donc, forcément, ça va être difficile. Pour eux. Pour moi. Pour nous tous.
Et les prochaines vacances ne seront pas avant Noel. ça va être long, je le sens.