5 juin 2020

L’inclusion.



Il vous semblera peut-être évident de penser que l’un de mes premiers soucis après avoir reçu le diagnostic a été de me pencher sur le problème de l’inclusion. Vous vous imaginez sans doute que j’ai dû me battre pour trouver une école, justifier le fait que mon fils, comme tout autre enfant de son âge était en droit d’obtenir une place dans une école et de recevoir la même éducation et instruction que les autres enfants ; vous pensez sans doute qu’il a fallu que je réfléchisse à la possibilité de lui trouver une place dans une sorte d’école ou d’institut spécialisé et que je me suis inquiétée des distances qu’il me faudrait parcourir, des coûts que cela entrainerait. Et pourtant… 

De fait, oui, je me suis posée ce genre de questions ; oui, je me suis inquiétée ; oui, je me suis préparée à lutter pour faire valoir les droits de mon enfant. Mais mes inquiétudes et mes questionnements n’ont pas duré bien longtemps. Car, de fait, dès le moment où on a commencé le diagnostic – alors même que le mot autisme n’avait pas encore été prononcé – le  directeur du collège où mon fils étudiait alors, m’a fait savoir que le mieux serait de le changer d’école, de l’orienter vers une école qui lui conviendrait mieux. A ce moment-là, j’ai vraiment cru qu’il me parlait de trouver une école spécialisée où on regroupait les enfants en situation de handicap. Mais il m’a très rapidement fait comprendre qu’il parlait d’établissements qui avaient « simplement »  la particularité d’accueillir les enfants en difficulté. Des établissements où on veillait, notamment, à limiter le nombre d’élèves dans les classes et où chaque classe bénéficiait, en plus du personnel enseignant classique, d’une personne formée à l’accueil et l’accompagnement des enfants en situation de handicap ou confronté à des difficultés d’apprentissage.

Je n’ai donc pas eu à me battre pour défendre les droits de mon fils à aller à l’école.

Mieux que cela même, je n’ai pas eu à me battre pour trouver un établissement qui lui conviendrait. Puisque cet établissement, l’administration l’a trouvé pour moi ! La seule vraie difficulté a été liée au fait que le changement d’établissement devait s’effectuer en milieu d’année ce qui limitait considérablement nos choix (en fait, un seul et unique établissement s’est avéré capable de libérer une place dans l’une de ses classes). Mais lors de la rencontre avec le nouveau directeur du collège que l’on m’avait désigné, il n’a pas été question de justifier notre besoin d’inscrire Salimar chez eux, mais simplement de remplir quelques modalités administratives et de discuter des modalités d’accueil. 


De fait, je vous l’avoue volontiers, j’ignore comment l’Autriche en est venu à considérer l’inclusion comme une sorte d’évidence. Mais le fait est que, à partir du moment où l’enfant ne présente pas de retard mental ou de trouble du langage véritablement incompatible avec une instruction délivrée dans une école du système scolaire classique, alors les enfants sont tout simplement inscrits dans les établissements habituels. Quitte à prendre des mesures de soutien avec, par exemple, des aménagements d’horaires, la présence d’un.e assistant.e, des cours de soutien scolaire dans une ou plusieurs matières, l’aménagement d’une pièce où l’enfant peut se retrouver au calme s’il en éprouve le besoin, etc. 

Et cette inclusion ne concerne pas uniquement les enfants autistes. J’ai vu, également, dans l’école primaire que mes enfants ont fréquentés, une fillette trisomique et un petit garçon paraplégique.

En vérité, je pense que ce pays a tout simplement compris une chose dont certains n’ont pas encore prit conscience – surtout en France, je le crains. A savoir que l’inclusion n’est pas seulement une « chance » pour nos enfants en situation de handicap de recevoir l’instruction à laquelle ils ont droit. Mais également l’opportunité pour tous les élèves de profiter d’un apprentissage dont ils ne peuvent bénéficier qu’à l’école : celui qui consiste à apprendre à vivre en société. C’est l’occasion, pour tous les élèves, de prendre conscience de la richesse et de la diversité de nos sociétés actuelles. Une richesse et une diversité qui peut se traduire, évidemment par des différences ethniques, culturelles ou cultuelles, mais également par des différences d’ordre physique, intellectuelle et neurologique. Et tous les élèves devraient avoir la chance de pouvoir prendre conscience de cette diversité, ainsi que d’avoir l’opportunité d’apprendre à vivre avec les autres malgré leurs différences, à comprendre en quoi elles consistent, comment s’y adapter et comment les respecter. Car c’est cela le véritable but de l’inclusion : aider les futurs générations à vivre en bonne intelligence les uns avec les autres dans une société riche et forte de sa diversité.