Il vous
semblera peut-être évident de penser que l’un de mes premiers soucis après avoir reçu le
diagnostic a été de me pencher sur le problème de l’inclusion. Vous vous
imaginez sans doute que j’ai dû me battre pour trouver une école, justifier le
fait que mon fils, comme tout autre enfant de son âge était en droit d’obtenir
une place dans une école et de recevoir la même éducation et instruction que
les autres enfants ; vous pensez sans doute qu’il a fallu que je
réfléchisse à la possibilité de lui trouver une place dans une sorte d’école ou
d’institut spécialisé et que je me suis inquiétée des distances qu’il me faudrait
parcourir, des coûts que cela entrainerait. Et pourtant…
De fait, oui,
je me suis posée ce genre de questions ; oui, je me suis inquiétée ;
oui, je me suis préparée à lutter pour faire valoir les droits de mon enfant. Mais
mes inquiétudes et mes questionnements n’ont pas duré bien longtemps. Car, de
fait, dès le moment où on a commencé le diagnostic – alors même que le mot
autisme n’avait pas encore été prononcé – le directeur du collège où mon fils étudiait
alors, m’a fait savoir que le mieux serait de le changer d’école, de l’orienter
vers une école qui lui conviendrait mieux. A ce moment-là, j’ai vraiment cru
qu’il me parlait de trouver une école spécialisée où on regroupait les enfants
en situation de handicap. Mais il m’a très rapidement fait comprendre qu’il
parlait d’établissements qui avaient « simplement » la particularité d’accueillir les enfants en
difficulté. Des établissements où on veillait, notamment, à limiter le nombre
d’élèves dans les classes et où chaque classe bénéficiait, en plus du personnel
enseignant classique, d’une personne formée à l’accueil et l’accompagnement des
enfants en situation de handicap ou confronté à des difficultés
d’apprentissage.
Je n’ai donc
pas eu à me battre pour défendre les droits de mon fils à aller à l’école.
Mieux que
cela même, je n’ai pas eu à me battre pour trouver un établissement qui lui
conviendrait. Puisque cet établissement, l’administration l’a trouvé pour
moi ! La seule vraie difficulté a été liée au fait que le changement
d’établissement devait s’effectuer en milieu d’année ce qui limitait
considérablement nos choix (en fait, un seul et unique établissement s’est
avéré capable de libérer une place dans l’une de ses classes). Mais lors de la
rencontre avec le nouveau directeur du collège que l’on m’avait désigné, il n’a
pas été question de justifier notre besoin d’inscrire Salimar chez eux, mais
simplement de remplir quelques modalités administratives et de discuter des
modalités d’accueil.
De fait, je
vous l’avoue volontiers, j’ignore comment l’Autriche en est venu à considérer l’inclusion
comme une sorte d’évidence. Mais le fait est que, à partir du moment où l’enfant
ne présente pas de retard mental ou de trouble du langage véritablement
incompatible avec une instruction délivrée dans une école du système scolaire
classique, alors les enfants sont tout simplement inscrits dans les
établissements habituels. Quitte à prendre des mesures de soutien avec, par
exemple, des aménagements d’horaires, la présence d’un.e assistant.e, des cours
de soutien scolaire dans une ou plusieurs matières, l’aménagement d’une pièce
où l’enfant peut se retrouver au calme s’il en éprouve le besoin, etc.
Et cette
inclusion ne concerne pas uniquement les enfants autistes. J’ai vu, également,
dans l’école primaire que mes enfants ont fréquentés, une fillette trisomique
et un petit garçon paraplégique.
En vérité, je
pense que ce pays a tout simplement compris une chose dont certains n’ont pas
encore prit conscience – surtout en France, je le crains. A savoir que l’inclusion
n’est pas seulement une « chance » pour nos enfants en situation de
handicap de recevoir l’instruction à laquelle ils ont droit. Mais également l’opportunité
pour tous les élèves de profiter d’un apprentissage dont ils ne peuvent
bénéficier qu’à l’école : celui qui consiste à apprendre à vivre en
société. C’est l’occasion, pour tous les élèves, de prendre conscience de la
richesse et de la diversité de nos sociétés actuelles. Une richesse et une
diversité qui peut se traduire, évidemment par des différences ethniques,
culturelles ou cultuelles, mais également par des différences d’ordre physique,
intellectuelle et neurologique. Et tous les élèves devraient avoir la chance de
pouvoir prendre conscience de cette diversité, ainsi que d’avoir l’opportunité
d’apprendre à vivre avec les autres malgré leurs différences, à comprendre en
quoi elles consistent, comment s’y adapter et comment les respecter. Car c’est
cela le véritable but de l’inclusion : aider les futurs générations à
vivre en bonne intelligence les uns avec les autres dans une société riche et
forte de sa diversité.
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