22 janv. 2019

Quelques réactions à vos réactions.


Bonjour à toutes et à tous !

Pour commencer ce nouvel article, je tiens à remercier Stéphanie pour le témoignage qu'elle a laissé en commentaire de l'article précédent. Elle en profite pour s'ouvrir un peu, parler de son vécu et de sa propre expérience.
Stéphanie, sache que ce témoignage me touche et je peux t'affirmer que je serai ravie de pouvoir échanger avec toi des trucs, des astuces, nos peines, nos joies, nos peurs, nos espoirs, nos progrès, nos régressions, nos efforts, nos encouragements et tout ce qui pourra nous aider à nous sentir moins seules et isolées. Pour nous soutenir mutuellement et trouver une oreille attentive et compréhensive lorsqu'on en aura besoin. Ici ou via Tronche de bique. C'est comme tu veux.

Dans son commentaire, Stéphanie me / nous fait part des difficultés qu'éprouve son fils concernant son attrait pour les jeux vidéo. Je connais cela également. Salimar éprouve des difficultés similaires. La chance que nous avons, c'est qu'il a conscience du fait que passer des heures sur sa console ou le nez sur sa tablette pour regarder des vidéos peut être nocif pour sa santé. C'est pourquoi, lorsque nous lui avons proposé de monter tablette, console et souris d'ordinateur dans notre chambre afin de lui en interdire l'accès à partir d'une certaine heure, le soir, il a spontanément accepté notre aide. Il lui arrive encore de rechigner un peu, lorsque vient l'heure d'éteindre les écrans de la maison et il lui arrive encore d'essayer de nous "truander". Mais, la plupart du temps, il se montre coopératif par rapport à ça.

Note (si ça parle à quelqu'un) : il est abonné aux vidéos de Fuze III, Guillaume et Kim, Ocariknights, Redkill et quelques autres.


Pour continuer cet article, j'aimerais rebondir sur le commentaire que m'a laissé Marine en réaction à mon article précédent. Elle me fait remarquer, très justement, que les néophobies alimentaires ne sont pas exclusives à l'autisme. Et elle a tout à fait raison ! Une précision s'impose, donc.

En effet, qui dit trouble alimentaire ne dit pas forcément autisme et qui dit autisme ne dit pas forcément trouble alimentaire. Il est vrai que les autistes éprouvent souvent des difficultés dans ce domaine - certaines études annoncent un chiffre de 70% - et ces troubles peuvent se manifester de manières variées (anorexie infantile, aversion alimentaire, nourriture peu variée, habitudes particulières liées au nombre d'aliments dans l'assiette ou leur disposition, rejet des aliments d'une certaine couleur, absorption de nourriture très lente ou très rapide, besoin d’une place fixe pour les repas, utilisation de couverts précis, difficultés à ressentir la satiété, etc.) mais ces troubles ne sont pas spécifiques à l'autisme et si des difficultés alimentaires peuvent être indice à prendre en compte dans le diagnostique, ils ne font pas partie des critères de diagnostique.


Marine attire également mon attention sur mes difficultés concernant son hygiène corporelle et me rappelle avec douceur et compréhension, que ces difficultés ne sont pas typiques de l'autisme et que mon jeune homme est aussi... ben, un pré-ado. C'est tout à fait vrai. Et je la remercie pour son commentaire qui m'aide à prendre du recul. Le truc, bien évidemment et la raison pour laquelle j'en ai parlé dans mon article, c'est que mon pré ado est un pré ado autiste et que les difficultés liées à l'hygiène se voient... non pas "agravées" car ce n'est pas un bon terme.. disons que ça complexifie le problème.
Pour être plus précise : tout d'abord, il faut noter que son désintérêt pour l'hygiène ne date pas d'hier. Il a toujours fallut que je l'encourage à aller se laver et que j'établisse une sorte de routine dans ce domaine (tous les deux jours, toujours à la même heure, selon le même procédé et en faisant très attention de ne pas lui mouiller les yeux). Évidemment, comme il grandissait, je lui ai laissé plus d'intimité et j'ai réussi à lui apprendre comment prendre une douche en solo - même s'il lui arrive de ne pas suffisamment rincer ses cheveux et de ressortir de la douche avec de la mousse ^^. Mais, de fait, depuis quelques mois, j'ai pu constater que l'envoyer sous la douche devenait plus compliqué et que le convaincre devenait plus difficile. Et c'est là, je crois que l'intervention de Marine prend tout son sens. Ce n'est plus à l'autisme que j'ai affaire, mais à mon pré-ado. Mon fils est sans doute entré dans cette période de la vie où l'intérêt pour l'hygiène baisse considérablement. Et tout comme je dois continuer de tenir compte des difficultés liées à l'autisme et notamment au fait qu'il éprouve un certain malaise à se brosser les dents (j'ai cherché longtemps la bonne brosse à dent et le bon dentifrice - je remercie d'ailleurs Mentadent pour avoir décoré leurs tubes de dentifrice avec des Pikachu) et qu'il continue d'avoir besoin d'être encadré et encouragé, je me dois sans doute également de tenir compte du fait qu'il n'est plus tout à fait un enfant et que l'adolescence n'est pas loin.

Tout ceci étant dit, il y a une chose dans le commentaire de Marine qui me semble particulièrement important. Elle me donne un conseil qu'il me faudra ne pas oublier. Car Marine a raison, mon fils est d'abord et avant tout un enfant avec des problèmes d'enfants ou de pré-ado (punaise déjà ?). Son autisme est une particularité, un handicap, dont je dois certainement tenir compte, mais qui ne doit pas le définir.

Ce sera tout pour aujourd'hui, merci de m'avoir lu. N'hésitez pas à réagir et à commenter. Merci d'avance.

14 janv. 2019

Difficultés et préoccupations quotidiennes.



Le diagnostic n’a pas encore un an. Pourtant, d’une certaine manière, j’ai l’impression que ça fait déjà une éternité que le psychiatre a confirmé l’autisme de notre fils. Comme je le disais dans un article précédent, je suis passé par une courte période de doute et de questionnements, et de colère aussi. Mais jamais de déni. J’ai accepté l’autisme de mon fils comme une réponse évidente et, dès le premier jour, j’ai simplement été soulagée. Soulagée, car capable, enfin, de mettre un mot sur ce qui faisait tant souffrir mon fils. Soulagée car enfin capable de le comprendre et de savoir vers quelle palette d’outil il nous faudrait piocher pour l’aider à se sentir mieux. 

Ceci étant dit et malgré une lecture attentive d’un ouvrage de référence et de nombreux articles sur le sujet, si je sais quelles sont les différentes stratégies que l’on peut tenter de mettre en place, il n’en reste pas moins qu’il reste difficile de savoir lesquelles sont les mieux adapté à notre fils. On a les généralités, il faut désormais en tirer une spécificité. Essayer une piste, puis une autre, constater les échecs, faire le bilan des réussites et se faire notre propre recette. Et c’est loin, très loin d’être évident. D’autant que rien n’est jamais définitivement gagné. Une méthode peut fonctionner durant quelques semaines et échouer les semaines suivantes. Il faut s’adapter, toujours, en permanence.
Mes plus grandes difficultés, mes plus grands soucis, avec Salimar, concerne sa motivation à aller à l’école, l’hygiène corporelle, la réalisation de ses devoirs et le respect de certaines limites indispensables concernant son centre d’intérêt spécifique. 

Mon fils est actuellement inscrit dans un établissement scolaire de type « Neue Mittleschule » (qui correspond aux collèges français). La particularité de ces nouveaux établissements (leur création date l’automne 2012 et leur mise en place définitive en remplacement des anciens collèges ne remonte pas plus loin que l’année scolaire 2015/16), consiste dans le fait qu’ils sont conçus pour accueillir tous les élèves issus de tous les horizons possibles y compris ceux souffrant d’un handicap. Pour faciliter l’inclusion de ces élèves particuliers chaque classe dispose d’un assistant d’intégration dont le rôle est d’aider les élèves en difficultés pendant que le professeur poursuit son cours. Les profs sont invités à s’adapter, autant que possible, aux spécificités de leurs élèves en difficulté (en adaptant les devoirs, par exemple). Et mon Salimar, bénéficie, en plus de cette aide, de la présence d’une assistante dont le rôle est de l’aider à réaliser les tâches encore trop difficile pour lui (prise de notes, mise à jour de l’agenda des devoirs, rangement de ses affaires…) et de l’aider à gérer son stress et prévenir les crises de paniques ou les gérer le cas échéant. 
Cet environnement et le soutien de toutes ces personnes ont permis à Salimar à envisager l’école comme un lieu accueillant et non plus comme un endroit dangereux et truffé de pièges. Mais il a parfois énormément de mal à y trouver de l’intérêt. Les cours de maths sont « trop faciles » et, même lorsqu’il est confronté à de nouvelles notions, il les intègre en général si rapidement que les exercices deviennent vite répétitifs et rébarbatifs. Pour les autres cours… eh bien, disons simplement que sans nier leur utilité, il a du mal à s’y intéresser et considère souvent les cours et les devoirs comme de la perte de temps. Le faire progresser dans les différentes matières qu'on lui enseigne devient donc rapidement laborieux. D’où mes difficultés à le motiver pour faire ses devoirs. Et, je l’avoue, je n’ai pas encore trouvé de méthode véritablement efficace pour le motiver. Je compte donc souvent simplement sur le fait de parvenir à le mettre dans une humeur suffisamment coopérative pour qu'il accepte de s'atteler à ses devoirs.

L’hygiène corporelle est un souci également, essentiellement parce que ça implique pour lui de changer d’activité et de mettre de côté temporairement ce qu’il est en train de faire. Je le sais car, la plupart du temps, une fois qu'il est sous la douche, il peut y passer de longues minutes à profiter de ses bienfaits. En outre, il reconnait lui-même que les douches et, moins fréquemment, les bains, ont un effet plutôt relaxant. Pour l'aider à respecter un minimum d'hygiène dentaire, j'ai mis en place une "carotte", impliquant des cartes à collectionner Pokétruc ; cette méthode  associée à un planning précis lui indiquant quels jours il se doit d'aller prendre une douche semble pour l'instant donner quelques résultats satisfaisant. Pourvu que ça dure !

Enfin, dernière préoccupation essentielle : son centre d’intérêt spécifique. Salimar aime les jeux vidéo. Il aime y jouer, et il aime visionner les vidéos qui concernent les jeux vidéo. Et, il est très difficile de le motiver pour s’intéresser à d’autres choses. Conscients que passer trop de temps sur les écrans pourrait devenir préjudiciable, nous avons fixé des limites et des règles, ainsi qu’un planning (il doit cesser, par exemple, de regarder le moindre écran passé 20h). Mais même ainsi et même s’il a conscience que nous avons mis tout cela en place pour l’aider et le protéger, il reste difficile pour nous et pour lui, de respecter planning, règles et limites. C’est donc une lutte au quotidien. Une lutte permanente qui ressemble à un exercice d’équilibriste qui consisterait à allier notre envie de respecter sa personnalité et ses besoins et la nécessité de le protéger de dangers qu’il a souvent du mal à identifier. Heureusement, dans notre lutte pour l'aider à ne pas tomber dans un usage abusif des écrans, il nous reste un outil : il aime également les jeux de société. Son intérêt est nettement moindre que pour les jeux vidéo, certes, mais certains jeux ont encore le pouvoir de l'intéresser suffisamment pour qu'il s'amuse vraiment avec nous. J'en profite d'ailleurs pour féliciter et remercier la société Asmodée. ;)

J’essaierai, dans un prochain article, de parler un peu plus en profondeur des centres d’intérêts spécifiques (que certains qualifient un peu péjorativement de « restreints ») afin que ceux de mes lecteurs qui le désirent puissent mieux comprendre de quoi il s’agit et pourquoi il et si important de respecter le centre d’intérêt spécifique d’un autiste. 

Merci de votre attention et de votre visite.
N'hésitez pas à laisser un petit commentaire si le cœur vous en dit. 



Edit  : un soucis dans la gestion des commentaires m'a conduit à modifier quelques options sur ce blog. En conséquence de quoi, certains commentaires ne sont plus accessibles. Je les intègre donc ici : 

Stéphanie T m'a dit :
 

Je ne sais pas trop par où débuter... sinon, te dire que je suis ravie de la création de ton blog! J'imaginais bien que tu étais dans une situation proche de la mienne car je voyais que tu partageais souvent des choses sur FB au sujet du TSA. Mon aîné a été diagnostiqué en 2014, à l'âge de 8 ans.  Nous avons, au cours de ses 8 premières années, rencontré d'incroyables difficultés, dès qu'il a été en collectivité: Crêche à deux ans, école à trois... c'était un désastre car malgré le fait qu'il parlait "comme un livre", il ne parvenait pas à échanger avec les enfants de son âge: Gros décalage entre ses mots et ses émotions, gros décalage de maturité intellectuelle avec les autres enfants (en avance) et gros décalage émotionnel avec les autres enfants (où là, au contraire, il était en retard!). Donc, il a été assez agressif et maladroit avec les autres enfants jusqu'à 10ans. Il frappait, mordait, déchirait les affaires des autres si elles ne lui plaisaient pas... L'annonce du diagnostic a été un soulagement pour nous qui ne savions plus comment gérer notre fils, mais pour lui, ça a été une source de peine immense. Encore aujourd'hui, il a du mal à voir cette différence comme une chose positive. La seule façon que j'ai trouvé récemment pour qu'il prenne sa situation de façon positive est de demander à son lycée de lui accorder un aménagement d'examens, notamment pour son baccalauréat. Il est bon élève et n'en a selon moi, pas besoin. Mais il se sent rassuré d'avoir plus de temps que les autres pour passer ses épreuves. Et sans doute cela lui semble-t-il plus juste! Il a commencé à se sentir un peu mieux vers 11 ans, quand il a été en classe avec un enfant atteint de dyspraxie, puis ensuite, une autre jeune qui est dyslexique...Depuis deux ans, il a deux copains (ces deux jeunes) et il a cette année, commencé à se mêler un peu au reste de sa classe.
J'espère qu'on pourra échanger, par le biais de ton blog, si tu veux bien, des "trucs"...
Mon loulou adore les jeux vidéos lui aussi... Ca fait quelques années qu'il nous fait ça: de temps en temps, pendant deux ou trois semaines, il ne dort pas... vient prendre en cachette son ordi ou une console de jeux et joue de 23 heures à 5 heures du matin. On finit par s'en rendre compte quand il s'endort n'importe où n'importe quand. On a beaucoup discuté et mis un mot de passe sur l'ordi, les consoles dans l'armoire du salon... mais il est malin et a recommence quand on est moins vigilants et que c'est plus fort que lui. Je ne sais pas comment il fait pour tenir avec deux ou trois heures de sommeil par nuit! Petit, c'était tout, comme le tien, ce qui tourne: roues de voiture, tourniquet, poignées de portes, hublot du lave linge... Il faut arriver à l'ouvrir à un maximum de choses: sport, jeux, livres...
Merci encore pour ce blog!
Bisous et à très bientôt.


Marine B. m'a dit :
 

Pour ton mari et toi, je pense que votre premier et essentiel outil en tant que parent d'un enfant comme votre petit homme, c'est : l'adaptabilité ! Comme tu dis, il y a des réajustements à faire à chaque fois, il faut comprendre certains mécanismes etc.
Après, là je te donne un conseil d'assistante sociale qui a eu pas mal de cours à ce sujet (donc on est d'accord, assez théoriques) mais qui a pu aussi beaucoup échanger avec des professionnels et des parents ... Il ne faut pas non plus tout rapporter à l'autisme ... Par exemple, le problème de l'hygiène corporel est une problématique rencontrée chez de nombreux pré-ados et ados ... surtout les garçons ... Je te dis ça car en effet, c'est important pour tout le monde de ne pas "réduire" ces enfants à leur différence mais de pouvoir aussi parfois se dire : ouais, en fait, mon enfant est juste comme la plupart des enfants pour tel ou tel truc ...
Ca me permet de rajouter un petit truc que j'ai oublié de commenter sur ton précédent article, concernant la néophobie alimentaire (ou phobie tout court). Cela peut être lié à l'autisme mais pas forcément. Personnellement, je souffre de cela et je me suis retrouvée à 100% dans ta description ... Je pouvais manger un gratin ou une quiche avec de l'emmental ... Par contre impossible pour la raclette. Et encore aujourd'hui à 30 ans ... j'ai un rapport compliqué avec l'alimentation.
Cela peut donc être deux "problèmes" différents.
L'important étant d'être dans tous les cas à l'écoute de l'enfant et dans la recherche d'une solution qui ne va peut être pas tout résoudre mais au moins adapter et apaiser une situation inconfortable pour tout le monde :)
Tu es une super maman attentive à cela et même si je sais que cela demande énormément d'énergie je suis sûre que tous ces "efforts" vont payer et permettre à ton fils de surmonter tout un tas d'épreuves !

11 janv. 2019

Ce que mon fils n’est pas.


Après les deux articles qui ont servi d'introduction à ce blog, j'aimerais aborder un point qu'il me semble vital d'aborder : les idées reçues.

Il n'est pas incapable de regarder les gens dans les yeux.

C'est souvent un des signes que les gens attendent systématiquement. Pour la plupart des gens non avertis, ça sera même l'un des premiers arguments pour rejeter l'idée de l'autisme chez une personne et un autiste s'entendra presque systématiquement dire :"non, tu n'es pas autiste, puisque tu peux me regarder dans les yeux." Et pourtant !
Regarder l'autre dans les yeux lors d'une conversation est une chose toute naturelle. Ce contact visuel va permettre d'établir un lien mais également - et surtout - à lire les micro expressions du visage de notre interlocuteur afin de mieux comprendre son discours, et ce même si on en a pas conscience. Pour un autiste ayant une capacité diminuée pour lire et/ou interpréter / comprendre ces micro-expressions, le contact visuel sera considéré - plus ou moins consciemment - comme "non pertinent" et il ne sera donc pas forcément recherché. Ceci étant dit, l'autisme qui est, je le rappelle, un trouble neurologique lié à la communication ne se manifeste pas de la même manière chez tous les autistes et si certains vont être effectivement incapables de croiser le regard des autres, d'autres en seront tout à fait capables  - avec des différences plus ou moins notables de durée, d'intensité d'attention, ou de direction du regard (certains autistes vont poser leur regard sur la bouche de leurs interlocuteurs et non pas sur leurs yeux). A noter que certains en seront capables après avoir effectué un travail sur eux-même, grâce à un effort intellectuel, dans le but de se montrer respectueux ou de ne pas mettre leurs interlocuteurs trop mal à l'aise.

Il n’est ni un génie ni déficient mental.

Pendant longtemps, on a considéré que les autistes étaient soit des génies capables de jouer du piano à la perfection après avoir entendu un morceau de musique une seule et unique fois ou bien capable de compter des allumettes en un coup d’œil avant d’aller compter les cartes dans un casino pour gagner à tous les coups. Ou bien des êtres intellectuellement diminués incapables de comprendre ou d’apprendre. 
Or, il a été prouvé qu’en réalité la proportion de génies ou de déficients intellectuels dans le monde de l’autisme n’était pas différente que dans le reste de la population.
Non, en réalité, Salimar a une intelligence plutôt normale. Et, même si il semblerait que son esprit soit capable de gérer les problèmes liés au langage avec une certaine aisance et que les mathématiques soit une matière facile pour lui (il lui arrive de s’ennuyer en cours de math), ça ne fait pas de lui un génie. Il a cependant une particularité bien utile : il est doté d’une excellente mémoire. 

Il n’est pas agressif. 

Pas plus, en tout cas, que n'importe quel enfant lorsqu'il se retrouve en colère ou poussé dans ses retranchements. Ainsi, oui, comme tous les enfants, Il lui arrive de se montrer agressif. Mais son agressivité ne vient pas d’une prédisposition naturelle que son autisme lui aurait conféré. C’est toujours la conséquence d’un « trop plein », lorsque, à force de ne pas comprendre les autres, ou de ne pas se faire comprendre ou bien à force d’accumuler des informations qu’il ne parvient pas à traiter à temps et qui s’accumulent donc dans son esprit (informations liées à la communication et/ou aux émotions), il finit par craquer. Il devient alors une sorte de boule de nerf, une bombe à retardement. Et s’il n’a pas l’occasion de se calmer, il « explose » - selon sa propre expression. Incapable de se contrôler, il adopte alors un comportement agressif qui semble être une sorte de dernier recours et il fait et dit des choses qu’il ne manque jamais de regretter ultérieurement. En dehors de ces moments critiques, c’est un enfant adorable qui ne ferait pas de mal à une mouche. 

Il n’est pas capricieux.

Lorsqu’il refuse de goûter un plat, à table, qui lui est encore inconnu, ce n’est pas un caprice. C’est la manifestation d’un trouble alimentaire dont les causes peuvent être très variées et que j’étudie encore chez lui. Pourquoi refuse-t-il obstinément de manger du fromage ? Je l’ignore encore. Est-il perturbé par leurs odeurs parfois fortes ? Est-ce la texture qui est à remettre en cause ? Leur couleur ? Leur aspect ? Les pistes sont nombreuses. Pour le moment, lorsque je veux qu’il mange un peu de laitage, je luis fais manger une quiche avec plein de fromage râpé dedans. Il sait qu’il y a du fromage dedans, il m’a vu faire et il m’a même aidé, une paire de fois, à préparer la quiche qu’il devait manger. Mais allez savoir pourquoi, dans la quiche, le fromage ne lui pose pas de problème. Par contre, lorsqu’on mange une raclette, l’odeur l’indispose tant que nous l’installons sur la table basse où il mange sa charcuterie à l’envi tranquillement. J’ai essayé, il y a longtemps, de suivre les conseils qu’on me donnait très souvent : « il ne veut pas manger de légumes ? Fais une purée avec, il va s’habituer au goût doucement, ni vu, ni connu ! ». Sauf que, la purée, il n’a simplement et purement jamais pu l’avaler. ^^ 

Il lui arrive également, de refuser de faire certaines choses ou de se renfrogner lorsqu'on lui refuse quelque chose. C'est, d'abord, parce qu'il est comme tous les enfants. Il y a des choses qu'il aime faire et d'autres qu'il n'aime pas faire et, parfois, il le fait savoir. Et si, cela peut parfois prendre des proportions que d'aucuns pourraient prendre pour des simagrées et des caprices, c'est surtout parce qu'il a plus de mal que les autres enfants à gérer ses frustrations et qu'il a parfois tout simplement du mal à passer d'une activité à l'autre. Ainsi, je me souviens que, étant enfants, j'avais autant de mal à l'envoyer prendre son bain qu'à l'en sortir. 

Il n’est pas incapable de sentiments ou d’émotions. 

On imagine souvent les autistes comme des personnes froides, purement intellectuelles et donc, incapables de ressentir émotions et sentiments. Cette idée vient notamment du fait que les autistes utilisent peu - voire très peu - le langage corporel. L'éventail des mimiques faciales, notamment, est moins riche chez un autiste que chez les personnes dites "neurotypiques". Cela peut parfois donner l'impression que si aucune ou peu d'émotions transparaissent dans leur gestuelle, leurs langage corporel ou les traits de leurs visages, cela veut dire qu'ils ne ressentent rien ou presque rien. Or, il n’y a rien de plus faux, je peux vous l’assurer. Mon fils serait même du genre hyper sensible.Du genre à éprouver une peine presque inconsolable lorsque l’un de ses rares amis a dû quitter l’Autriche pour aller vivre dans le pays d’origine de sa mère, aux Etats Unis. Du genre, aussi, à souffrir régulièrement de l’éloignement à laquelle nous contraint notre expatriation avec les membres de notre famille ou certains de nos amis. Ses cousines lui manquent notamment terriblement et il souffre qu’elles ne semblent pas soucieuse de le contacter de temps à autre pour prendre de ses nouvelles. Et c’est toujours à la fois une joie intense, puis un déchirement, lorsque, à l’occasion de nos voyages, nous passons quelques jours en leur compagnie avant de repartir chez nous. 

Il y a une chose cependant qu'il est judicieux de savoir et de comprendre : c'est que l'autisme se traduit par un certain manque de "subtilité", de "nuances" dans les émotions et les sentiments. Ce qui donne un caractère parfois presque binaire à leurs émotions. Ainsi, lorsqu'une personne lambda se retrouve face à un individu qui l'énerve, cette personne va passer par tout un panel d'émotions : l'ennui, la contrariété, l'agacement, l’irritation, l'exaspération, la colère, la fureur... Et, à chaque étape, la personne disposera de moyen d'exprimer son état émotionnel : soupirs, mots, menaces, gestes d'agacements...
L'autiste disposera malheureusement d'un panel beaucoup moins riche, tant en terme de "paliers émotionnels" que de moyens d'expressions. La bascule entre le calme et la colère ne sera pas forcément plus rapide, mais elle sera souvent plus abrupte et donc, plus impressionnante.  D'autant plus que l'autiste n'aura pas forcément trouvé le moyen d'exprimer son changement d'humeur (si tant est qu'il ai été capable de sentir venir ce changement d'humeur !). C'est, heureusement, quelque chose qui se travaille. Le problème et d'abord et avant tout neurologique et un autiste restera toujours un peu "binaire" en terme d'émotions, mais il existe des moyens de les aider à mieux comprendre et cerner leurs propres émotions ainsi qu'à y faire face de façon plus efficace.


Il ne manque pas de logique ni d’humour

Je dirais même qu’il a un esprit très logique… à sa façon. Et si on parvient à comprendre cette logique, alors on peut se rendre compte qu’il est plutôt malin, comme petit garçon. De la même façon, son humour est parfois assez particulier, mais il sait très bien rire à nos blagues et il sait lui-même en faire de très drôle. Il suffit d’éviter les blagues basées sur le second degré qu’il a et aura toujours du mal à comprendre. A noter d’ailleurs que, par extension, je peux préciser qu’il n’est pas particulièrement susceptible non plus. Simplement, ne pratiquant qu’avec grandes difficultés le second degré, l’ironie reste également pour lui difficile d’accès. Un trait d’humour basé sur l’ironie pourra donc aisément le blesser. 

Il ne refuse pas de communiquer ni de se lier avec les autres

Je dirais même que nous sommes là au cœur de l’un des pires paradoxes de l’autisme. Caractérisé par des difficultés dans le domaine de la communication, l’autisme rend le contact avec les autres difficile. Mais un autiste peut nourrir l’envie de créer des liens, de discuter avec les autres, de se faire des amis. C’est le cas de mon fils et c’est parfois pour lui une véritable source de souffrance. Il souhaite aller en classe pour retrouver ses camarades de classe. Il souhaite ardemment jouer avec eux, s’intégrer dans leurs groupes. Mais voilà, ses capacités émotionnelles et relationnelles se retrouvent souvent vite – voire très vite – dépassées. Établir des relations sociales représente donc pour lui une sorte de défi, de challenge permanent. Génératrices tout à la fois de plaisir et de stress, les relations sociales sont nécessaire à son équilibre, mais il a tout autant besoin de se retrouver seul de temps à autre, libre de l’effort intellectuel intense qu’exige de lui la présence des autres et des contraintes liées à des règles sociales qu’il a souvent du mal à comprendre et à respecter. 

Il n’est ni mal élevé, ni irrespectueux

Les autistes ont ceci en commun qu’ils sont souvent directs et francs. Ils disent la vérité, sans détours. Si on demande à un autiste si le nouveau vêtement qu’on s’est acheté est joli et qu’il pense que ce n’est pas le cas, alors il va le dire, sans prendre de pincettes. Et il va avoir beaucoup de mal à comprendre qu’on puisse mal prendre sa réponse honnête. Un autiste pourra très bien apprendre que le bon fonctionnement d’une société a besoin d’un minimum de tact et de diplomatie. Mais son premier réflexe est et restera toujours la franchise et les notions de « tact » ou « diplomatie » sont et resteront toujours une zone floue trop proche du « mensonge » pour qu’il parvienne à être totalement à l’aise avec ces notions. 

Il n’est pas bizarre

Salimar n’a pas de stéréotypie très marquée comme cela peut être le cas de certains autistes.
Il ne secoue pas les mains compulsivement, ne se balance pas d’avant en arrière ou tout autre gestuelle que certains autistes développent parfois. Il lui arrive par contre de mettre l’oreille de sa peluche dans sa propre oreille. Ou bien il se met à sautiller lance des petits « pika pika » pour se défouler. Et le truc est bien là. Ce genre de comportement ne relève pas du « bizarre », il relève du sas de décompression. Il en a besoin pour se détendre et parfois, pour se concentrer. Il est à noter que mon Salimar a développé une sorte de stéréotypie assez discrète : il a toujours, auprès de lui une peluche que sa sœur lui a offert (un Creeper – les joueurs de Minecraft sauront de quoi je parle) et il se sert de la présence de cette peluche pour retrouver son calme et se ressourcer. 


Voilà, cet article prend fin. La liste n'est pas exhaustive et ne concerne que mon fils. J'espère néanmoins qu'il vous aura permis de mieux comprendre certaines choses.